A propos des grades

sous l'onglet Téléchargements : Ce que veut la FFAB

--------------------------------------------------------------------------

A propos des passages de grades Dan

Lors de sa séance du 01/09/2007, la CSDGE a décidé d'apporter quelques modifications à son Règlement Particulier :

- Les dossiers de candidature complets devront parvenir  au minimum 2 mois avant la date de l'examen, y compris pour les 1er et 2ème Dan, au secrétariat de la Ligue. Pour les candidats aux 3ème et 4ème Dan, les dossiers doivent transiter pour signature au secrétariat de la Ligue puis parvenir au siège fédéral au minimum 2 mois avant la date de l'examen.

En pratique il faut donc compter au moins 10 semaines.

- Les délais minimum entre chaque présentation (ou représentation en cas de non réussite, ce n'est pas très clair) compteront de session à session au lieu de date à date révolue.

L'ensemble des changements du Règlement particulier doit faire l'objet d'un arrêté ministériel.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Ci-dessous courrier de notre Secrétaire de ligue adressé aux 2 co-présidents de la Commission Spécialisée des  Dan et  Grades Equivalents

Eric Bizot

 4 ^éme Dan

B.E.E.S 2 ^éme degré                                                   Orléans le 7 août 2006

6 place du Martroi

45000 Orléans

( 02 38 54 58 37

06 80 63 24 75

eric.bizot@wanadoo.fr

                         copie à Monsieur le Président de la Ligue

                                                        du Centre FFAB

                                                        à Messieurs les co-Présidents de la C.S.D.G.E

Objet : la fin des jurys ou la dictature du « non »

            Je me permets de vous adresser cette lettre afin de vous faire part de quelques réflexions sur ce que la nouvelle procédure en vigueur lors des passages de grade (1^er et 2 ^ème dan pour ce qui me concerne) engendre de difficultés et, pour faire court, d’injustices ; et ce à partir de ma modeste mais réelle expérience de juge lors des sessions de Février et Juin 2006 en Ligue du Centre, comparées à celles que j’avais pu vivre, dans le même rôle, lors des sessions précédentes.

On me permettra de préciser, pour éviter toute ambiguïté sur le sens de ma démarche, que j’adhérais et adhère toujours à l’idée selon laquelle des critères communs, appliqués à des enseignements parfois sensiblement différents, peuvent permettre une évaluation saine des prestations des candidats, pour peu que les jurys soient formés à une lecture tout à la fois objective et sensible aux spécificités des prestations des candidats. C’est dans cette logique que j’ai suivi à ce jour 5 stages de formation jurys depuis 1999, le dernier en date cette année en Aquitaine sous la direction de Messieurs Levourc’h et Léon. Bref, j’ai joué le jeu de la concertation et l’ai trouvé positif dans la mesure ou, effectivement, les expériences d’évaluation lors de ces stages me sont apparues concluantes et où, dans la réalité des jurys paritaires en région Centre, les sessions avant 2006 avaient été marquées par une nette amélioration des conditions d’examen (plus grande homogénéité des interrogations, délibération plus sereines et donc plus rapides, absence de « marchandages », peu de contestations). J’avais été toutefois pour le moins surpris de la péripétie de Juin 2005 qui avait vu la Région Centre « tester » le tirage au sort alors que celui-ci avait abouti à une parité de fait, dont on ne pouvait rien conclure.

J’espère qu’on me pardonnera ce préambule un peu long mais ce que j’ai à dire prend sens de ce qui précède : je suis d’autant plus déçu de ce qui nous est aujourd’hui imposé que j’y vois une profonde régression par rapport à tout ce travail de concertation qui avait indubitablement porté ses fruits. Deux sessions avec 2 juges tirés au sort ont rallumé des guerres qu’on croyait éteintes, provoqué des contestations comme jamais et nous ont conduit à un désastreux bon en arrière. Je ne souhaite pas en faire une querelle de personnes, même si les responsabilités individuelles sont réelles, mais insister sur ce que le nouveau système a de profondément pervers. Je ramènerai mon propos à deux points essentiels : la fin des jurys, la dictature du « non ».

Pour faire passer depuis une bonne vingtaine d’année des examens d’Etat (Baccalauréat, BTS, etc…), j’ai une certaine pratique de ce que la notion même de jury apporte : aucun de ses membres ne pouvant à lui seul dicter sa loi (ni le prof de math en S, ni le prof de philo en L…) les candidats échappent aux diktats des personnalités et les membres du jury sont légitimement tenus à une solidarité que le caractère collectif de la décision implique. Parce que le groupe prime sur les individus, il y a collégialité donc, dans la mesure du possible, objectivité et solidarité. Or, au risque d’apparaître pédant, je me dois de souligner qu’à moins de 3 juges il n’y a pas de jury, tout simplement parce qu’un groupe naît lorsque le nombre de relations entres les termes (6) est supérieur au nombre de membres (3). Donc quand on fait passer les « jurys » de 4 à 2 membres, on fait indubitablement une économie comptable mais aussi on change totalement la nature de la délibération : on passe d’un groupe qui réfléchit à 2 individus qui s’affrontent. Régression, régression…

Dès lors, toute discussion (on laisse bien sûr de coté le cas, par définition non problématique, de l’accord spontané) devient un rapport de force entre des personnes, situation désastreuse que dans tout examen la notion de jury et donc de groupe vise à éviter. A cet égard la feuille de compte-rendu présentée sous la forme de 2 colonnes éventuellement contradictoires est un faux semblant : en cas d’opposition un des juges aura dû forcément abdiquer ses convictions pour aboutir à un verdict et personne à distance et a posteriori ne pourra défaire ou refaire ce jugement qui est aussi un déni. En d’autres termes, la formule actuelle non seulement dresse les juges l’un contre l’autre en cas de désaccord (qui fera céder l’autre ?) mais valorise le plus négatif (borné ?) des deux. Soyons clair : non seulement il n’y a plus de jury mais il n’y a plus qu’une seule personne qui juge réellement, celle qui a décidé de dire « non ». Je ne connais pour ma part aucun examen (à moins que les passages de grade soient devenus des concours ?) dans lequel avoir la moyenne (un juge sur deux) débouche sur une élimination. C’est le cas aujourd’hui en Aïkido où règne la prime à la négation. Régression, régression…

Il me semble, mon propos n’étant pas de dénoncer mais d’avancer, que cet état de fait tient à ce que on a cherché à imposer de manière bureaucratique, et donc coupée du réel, une fausse uniformité des juges. Là où règne la parité (j’ai eu l’honneur de participer aux jurys de BE1) les délibérations se passent bien parce que chaque juge peut assumer son identité et s’ouvrir aux différences (des candidats comme des autres juges) sans se renier. Le système récent dans les passages aboutit à l’inverse : chacun n’étant « personne » (ni FFAB, ni FFAAA) peut ériger son jugement en absolu. Beaucoup heureusement résistent à cette tentation, d’autres y cèdent… Le rôle d’un système n’est pas de mettre la vertu de chacun à l’épreuve mais au contraire de faciliter l’expression de celle-ci. On a décrété l’uniformité des juges et abouti à l’inverse : la crispation sur les identités personnelles.

Pour être conséquent, il me faut donc conclure en vous demandant instamment de mettre en place un système qui échappe aux écueils brièvement analysés. Pour ma part, je n’en vois que deux, dans les deux cas ils impliquent la prise en compte de la parité. Toute uniformité décrétée relève d’une vision « stalinienne » et en a les vices : l’arbitraire et la négation du réel (nous serions bien loin de l’esprit de notre discipline…).

Soit on revient à un système avec un vrai jury paritaire de 4 personnes, soit on en reste à 2 jurés (paritaires) et dans les 2 cas on valorise la positivité, soit en considérant que la moyenne vaut acceptation, soit en donnant la voix prépondérante au juge de la Fédération d’origine du candidat.

En espérant que vous voudrez bien croire à la sincérité de mon propos

Veuillez agréer, Messieurs, l’expression de mes sentiments respectueux

Eric Bizot